Le loup de Sarlat

27/04/2020

Le loup me suivait depuis quelques années sans que je sache jusqu'à présent la raison de sa chasse. Je n'ai pas pu me renseigner, à cause de la peur j'étais obligé de fuir aussitôt que j'apprenais sa présence. Le loup au yeux rouges, le loup le plus rapide la planète ; malgré mes innombrables fuites continuait à me retrouver, cette fois-ci à Sarlat-la-Canéda, un village en Dordogne où j'ai trouvé abri pour quelques semaines avec mon chat Albert. C'est aussi la dernière fois qu'il me vit en vie, c'est pourquoi je consigne cette extraordinaire chasse qui fut pour moi la plus pénible qui soit. Assis, je peux remémorer, je peux en paix rédiger quelques lignes sans sentir ses mandibules baver derrière mes oreilles. Il se déplace à une vitesse que seulement mon imagination réussit à expliquer ; il fait de bonds aussi rapides que la lumière et suit la voiture de près. J'ai dû inventer plusieurs ruses pour lui échapper. En Argentine j'ai eu la mal chance de rencontrer Lynda, ayant reçu d'elle un bijou que je ne serai pas décrire car la pierre polie que porte le pendentif n'est pas référée dans les livres des plus grands spécialistes de Genève. Comme un outil de traque, le loup s'est servi pendant des années du pendentif pour me retrouver, c'est seulement au cours d'une méditation de jeu avec Tibère mon chat que j'ai découvert le pendentif car après ma douche j'avais voulu m'amuser avec le chat en le faisant porter le collier ainsi qu'une vielle chaussette trouée pour faire de lui un cavalier et l'adouber comme il était coutume dans la campagne de Dordogne au Moyen Âge. Mon regard est resté greffé à la pierre et les réponses se sont reconstruites comme dans un tableau paysagiste, enfin je pouvais voir le canevas de nos entrevues, je comprenais le lien tissé entre mes déplacements et les sien

Le lien entre le loup et la pierre me fascina à un point qu'il aurait suffi de me défaire du pendentif pour changer mon sort, hélas je ne pouvais m'éloigner du magnétisme désormais car pour moi la pierre n'était qu'un caillou mais le lien mystique entre le minéral donc la terre et l'animal, devenait le plus grand secret des hommes ; il me semblait qu'il jetait de la lumière sur une surface nommée homme. Je me suis senti plus proche de la réponse à la mort, à l'existence, à la transhumance et la transformation. Pendant un instant le monde est devenu à nouveau plastique, et j'ai jouis de cette plasticité primaire et suprême. Je suis devenu nomade. J'ai joui les yeux fermés sentant ses pattes être bercées par les vents de tous les endroits parcourus, je me suis senti mourir dans ses mandibules et j'ai même calculé la chaleur de mon sang entre ses dents, j'ai su qu'il était là au moment du rendez-vous, nous allions mourir ensemble, mon sang était le seul moyen de le tuer comme me l'avait expliqué un jour Lynda. Nous n'étions pas destinés mais nous nous sommes choisis.

Mlle Renard.

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