Lecture

30/04/2020

Un taita de l'Amazonie colombienne se proposa donner une conférence en Europe. La Bibliothèque Nationale annonça sa visite à Paris. La BNF l'accueillit au titre des échanges culturels de L'ONU, échanges sur lesquelles ils basaient leur collection annuelle. La conférence s'intitulait les plantes sacrées "selvatiques" et la médecine traditionnelle indigène, une plongée vers l'infini.

L'attaché de communication, l'attaché de presse et le directeur avaient imaginé une communication grandiose malgré la totale incompréhension autour du sujet. La conférence commença et le taita accompagné de sa Maima et de son traducteur souriait transmettant paix et réconfort. Le directeur confiant répondait le geste du chaman depuis les premiers rangs du public. Le démêlant, on l'observa prendre le bandeau servant à ceindre son front et sa tête ; il enleva de son front telle une corde de funambulisme et prononça un mot qu'on aurait pu comprendre comme : Co-re-wua-hé. Les derniers rangs du public, observaient le Taita s'adresser à son fronteau avec des mots inaudibles, puis diriger son regard et son entière attention à un file multicolore. Prenant les deux extrémités du bandeau formant une plinthe avec la colonne de l'entrée de la salle de conférence qui vêtait le front du chaman si on avait pénétré l'enceinte à cet instant.

Le Taita resta immobile jusqu'à la fin de la conférence. Ce geste fît échos, les journaux, la radio et l'internet en parlèrent. « Minimalisme spirituel ou charlatanisme cynique », « Offense au public européen » public français que par un jeu des plumes devenait aussitôt européen et d'autres discours moins intéressants qui revisitaient la critique du connu.

Une personne avisée du public avait pris soin de faire une vidéo rapprochée de ladite corde Co-re-wua-hé ; la vidéo captait ces mouvements, elle ne cessa de ciller. Les petites vibrations ne pouvaient être perçues à l'œil nu. La vidéo fut montrée sur les réseaux sociaux et aussitôt connue et appréciée. Le discours des médias changea comme il est l'habitude de la contingence de l'information et de la réalité, mais le taita était déjà rentré.

Quand il retourna en Colombie la communauté l'interpela au sujet du Co-re-wua-hé. Le Taita dit : Je suis entièrement voué à la terre. Les humains, eux, ont leur libre arbitre et je le respecte dans toutes mes profondeurs, j'honore tous mes labyrinthes. Le Taita sourit, il avait vu les mouvements de tous les discernements de la salle. Il avait compris la pensée de la scène et ne jugeant pas pertinent d'ajouter d'autre information, il finissait par dire : Pai pai suma suma.

Mlle Renard 

 beatrizhelenaninobonett@gmail.com
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